L'histoire d'une métropole


À partir de Lille, en trois heures et 25 arrêts, découvrir « l’histoire d’une métropole »

Publié le 24 août 2015 dans La Voix du Nord par Catherine Painset

Depuis le 2 juillet, le nouveau circuit de l’office de tourisme de Lille emmène le visiteur, à bord d’un monospace et en compagnie d’un guide, jusqu’à Roubaix, Tourcoing et Villeneuve-d’Ascq. Un circuit axé sur l’architecture, le patrimoine, l’histoire, qui laisse aussi affleurer le présent et l’avenir du territoire.

Le voyage démarre à 9 h 45 place Rihour, mais pas question de s’attarder. Le circuit conçu par l’OT de Lille emmène visiteurs de passage et locaux curieux à la rencontre d’autres trésors que les ruelles pavés et le beffroi de l’hôtel de ville. Un œil à la Vieille Bourse, à l’opéra, et nous voici déjà sur le Grand Boulevard. « Axe majeur de la métropole, inauguré en 1909 et aussi large que les Champs-Élysées », indique Yves, notre guide, féru d’architecture et de patrimoine, notamment industriel.

Yves attire notre attention sur de beaux immeubles de rapport de quatre-cinq-six étages (époque de création des ascenseurs), et quelques arrêts rapides nous font lever les yeux : le pignon estampillé « Panhard-Levassor », l’hôtel des Frères Delvallée, « au vocabulaire très Renaissance ».



De ville en ville

Au Croisé-Laroche, bifurcation vers Tourcoing. L’urbanisation est moindre, on voit de belles villas. « Le Grand Boulevard est resté un lieu de résidence soigné et chic », fait remarquer Yves. L’axe est vert, les pistes cyclables ont remplacé les chemins cavaliers. Anglo-normand, rétro, moderne, Art déco, industriel : derrière la vitre du monospace, les styles se succèdent. À Tourcoing, le pont hydraulique se dévoile, puis le monument aux morts « particulièrement expressif », l’hospice d’Havré, l’hôtel de ville...
Par le boulevard Gambetta, direction Roubaix, avec un détour par la Plaine Images, symbole de reconversion, belle réhabilitation d’usines, et le Fresnoy. On admire la gare (1905), l’hôtel de ville signé Victor Laloux, l’architecte de la gare d’Orsay, avant d’arriver à La Piscine dont – dommage – on ne verra ni le bassin ni les collections. Il faut déjà filer vers le parc Barbieux.
À 11h, il est temps de mettre le nez dehors. Le site vaut le détour, et même le voyage. À Croix, la villa Cavrois déploie ses 1 800 m2 habitables, 1 000 m2 de terrasses, parc, miroir d’eau, piscine et incroyables briques jaunes sous nos yeux (ébahis). Quarante-cinq minutes, c’est certes un peu court pour profiter pleinement du paquebot de Mallet-Stevens.
La fin du circuit explore la ville nouvelle de Villeneuve-d’Ascq, utopie d’aménageurs des années 60. Du LaM on voit le parc et du Grand Stade, les parkings. Mais telle est la vocation du circuit : donner envie de revenir, quitte à créer un peu de frustration.
PRATIQUE
Jusqu’au 31 octobre, les jeudi, vendredi et samedi ; départ à 9 h 45 ; durée : 3 heures ; prix : 35 € (comprenant le transport, le guide/chauffeur et l’entrée à la villa Cavrois). Réservations, tél. : 0 891 56 2004.

L’avis de Dominique

Dominique, lilloise depuis trente ans, a profité des vacances pour s’offrir cette balade dans la métropole. « Voir des endroits que je ne connais pas ; redécouvrir les choses calmement, sans être au volant », telles étaient ses intentions. Des envies comblées, avec la satisfaction de constater en outre que, côté architecture, la conurbation lilloise n’a rien à envier à des secteurs réputés plus touristiques.
Dominique a évidemment apprécié la visite de la « superbe » villa Cavrois, qu’elle n’avait jamais vue. Son seul regret : ne pas être entrée au stade Pierre-Mauroy. Elle aurait aimé photographier l’enceinte sportive sous toutes les coutures, elle a dû se contenter d’une courte halte sur le parking. Elle y retournera.

Tourisme : « Être pris au sérieux »

Depuis le 1er juillet, la Métropole européenne de Lille a pris la compétence en matière de « promotion du tourisme ». Un secteur qui, rappelle le vice-président Olivier Henno, représente ici 3 % du PIB et 12 000 emplois. « Il y a quinze ou vingt ans, quand on parlait de tourisme dans la métropole, certains souriaient. La page est tournée, mais peut-être pas encore totalement. » L’intention d’être « pris au sérieux » dans ce domaine est affichée, de même que la volonté d’explorer tous les potentiels de développement : « Marchés des congrès, des circuits courts, du tourisme de week-end. » Et même si, Olivier Henno a tenu à le rappeler, « les onze offices du territoire conservent leur identité et leur autonomie », la MEL joue un rôle fédérateur, « pour mieux mettre en commun les initiatives » et « créer de nouveaux produits attractifs ».

Première offre conjointe

Le circuit « Histoire d’une métropole » est la première offre conjointe. Lancé par l’office de Lille avec ceux de Roubaix, Tourcoing et Villeneuve-d’Ascq, il s’adresse tant aux visiteurs extérieurs qu’aux métropolitains qui ne partent pas en vacances. Bruno Goval, directeur de l’OT de Lille, se réjouit qu’une idée née il y a quelques années déjà trouve enfin sa concrétisation. Les intérêts de la proposition sont multiples, dit-il : diversifier l’offre, susciter l’envie d’aller au-delà du centre historique de Lille, montrer une métropole « peu contée jusqu’alors ».


Programmée jusqu’en octobre au moins, « Histoire d’une métropole » pourra s’adapter aux demandes des touristes, se développer si le succès est au rendez-vous. « On crée le marché, il faut bien l’évaluer. Mais nous avons des atouts », insiste Olivier Henno. C. P.