Article paru dans La Voix du Nord du 20 mai 2015 sous la plume de Gilles Marchal avec des photos de Hubert Van Maele
Croix : La Villa Cavrois livre encore des secrets
Le 12 juin, la ministre de la Culture est attendue à Croix
pour inaugurer la Villa Cavrois. Après 12 ans de travaux, la maison imaginée
par Mallet-Stevens a retrouvé son lustre des années 1930. Et elle n’en finit
pas d’étonner. On vous emmène faire un petit tour.
Des terrasses décoiffantes
La Villa Cavrois est souvent comparée à un paquebot. Ses
lignes y sont pour quelque chose, ses dimensions aussi : 60 mètres de long, 4
000 m2 de plancher et 1 840 m2 de surface habitable. Le tout en mode première
classe évidemment avec chauffage central, éclairage indirect, marbre de Suède,
bois rares, piscine de 27 mètres et gouttières intégrées dans le bâti. Un must
pour le début des années 1930. Et pour profiter du grand air, la maison dispose
de 830 m2 de terrasses !
Les plans partis en fumée
Il a fallu 12 ans de travaux et 23 millions d’euros pour
faire passer la villa Cavrois de l’état de ruine à celui de chef-d’œuvre
restauré de fond en comble. Un véritable tour de force puisque les plans de la
maison ont été brûlés après la mort de l’architecte Robert Mallet-Stevens en
1945, conformément à ses dernières volontés. « On a utilisé des méthodes
archéologiques (pour retrouver les états d’origine) », explique Danièle Deal,
la directrice de la conservation des monuments et des collections au Centre des
monuments nationaux.
Le numérique à la rescousse
À défaut de plans, les restaurateurs de la villa Cavrois se
sont appuyés sur une série de 90 photos en noir et blanc prises vers 1933 pour
accomplir leur mission. À partir aussi de sondages et des matériaux conservés,
ils ont pu bâtir des modèles numériques pour retrouver les dimensions des
équipements et du mobilier d’origine. Pour la petite histoire, l’album photo
est conservé à l’institut d’urbanisme de Montréal, au Canada, et personne ne
sait comment il est arrivé là.
Éparpillée façon puzzle
Le mobilier de la villa a été éparpillé après le décès de
Mme Cavrois en 1986. Une partie a pu être rachetée lors de ventes publiques,
c’est le cas de la salle à manger dite « des enfants ». Le reste a disparu ou
reste détenu dans des collections privées, à l’image des meubles du salon dont
la dernière apparition remonte à une vente aux enchères à New York en 1996.
Luxe pas si austère
Pour son administrateur Paul-Hervé Parsy, la Villa Cavrois
reste un « manifeste d’intelligence » et un exemple de « luxe austère » où se
combinent, entre autres matériaux précieux, six marbres différents et une
dizaine d’essences de bois comme le zebrano.
Mémoire vivante